L’auriculothérapie fait partie des nombreuses méthodes douces permettant de faciliter l’arrêt du tabac. Comme son nom le suggère, cette méthode utilise certaines caractéristiques de l’oreille afin de réduire la dépendance. Face à la variété croissante des aides au sevrage, vous êtes nombreux à vous interroger sur l’auriculothérapie, son fonctionnement et son efficacité à court et long terme.
Alors, en quoi consiste l’auriculothérapie pour arrêter de fumer ?
Comment cette méthode agit-elle sur la dépendance ?
Son efficacité est-elle validée scientifiquement ?
Lisez ce qui suit pour le découvrir !
En quoi consiste l’auriculothérapie pour arrêter de fumer ?
Mise au point dans les années 1950 par le médecin lyonnais Paul Nogier, l’auriculothérapie est une méthode thérapeutique fondée sur le postulat que l’oreille est un micro-système reflétant le corps humain dans son entièreté ; c’est ce que l’on appelle la somatotopie. En effet, Paul Nogier a constaté chez ses patients que la sensibilité de certains points de l’oreille était associée à des douleurs ou pathologies précises ; en stimulant ces points, il devient possible d’agir sur la zone du corps concernée pour la rééquilibrer. Partant de ce constat, Nogier a établi une « somatotopie auriculaire », c’est-à-dire une cartographie exhaustive de l’oreille où chaque point correspond à un organe ou à une fonction corporelle. Cette découverte fut ensuite validée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui reconnut officiellement l’auriculothérapie comme une pratique médicale en 1987.
En pratique, l’auriculothérapie consiste à stimuler les points du pavillon de l’oreille à l’aide d’aiguilles, de faisceau lumineux type laser ou infrarouge, ou de courants électriques à faible intensité. Ce terme regroupe donc plusieurs méthodes, l’acupuncture auriculaire (qui utilise des aiguilles) n’étant que l’une d’entre elles. Les points à stimuler sont choisis en fonction du trouble à traiter ; pour accompagner le sevrage tabagique, le praticien cible des zones spécifiques de l’oreille liées à la dépendance à la nicotine, au stress, à l’anxiété, à la gestion des compulsions, ainsi qu’à certains symptômes de sevrage comme la faim et l’agitation.
L’objectif est double : diminuer l’envie de fumer, et prévenir ou réduire les symptômes liés au manque.
Comment fonctionne l’auriculothérapie pour l’arrêt du tabac ?
Comme expliqué ci-dessus, l’auriculothérapie se fonde sur une correspondance entre le pavillon de l’oreille et l’ensemble de nos fonctions corporelles. Cela inclut des fonctions à la fois physiologiques et psychologiques, comme le plaisir, le stress et la dépendance.
Que le praticien utilise un faisceau lumineux ou des aiguilles, la stimulation des points de l’oreille agit sur notre système nerveux, ce qui permet de transmettre un influx depuis ces points vers la zone à traiter. Dans le cas du sevrage tabagique, il s’agit surtout de cibler le cerveau afin de rééquilibrer les circuits de la récompense, étroitement liés à la sécrétion de dopamine (l’hormone responsable de la sensation de plaisir immédiat). En effet, le dysfonctionnement des circuits de la récompense est à la fois le résultat et la cause de la dépendance au tabac. Le praticien cible également les points associés à l’anxiété, à l’irritabilité, au sommeil et à l’appétit, souvent déréglés en période de sevrage et qui peuvent favoriser les rechutes.
Par rapport à d’autres méthodes, l’auriculothérapie présente plusieurs avantages :
C’est un procédé naturel, sans médicaments ni effets secondaires
Son effet calmant et relaxant facilite la gestion du manque dans les premières semaines de sevrage
Elle diminue nettement jusqu’à éradiquer l’envie de fumer
Les effets sont ressentis dès la première séance ; ce n’est pas un traitement long.
Quelle est l’efficacité de l’auriculothérapie pour le sevrage tabagique ?
Bien que reconnue par l’OMS, l’auriculothérapie n’est pas validée scientifiquement en France pour l’arrêt du tabac. Pourtant, plusieurs études montrent son intérêt dans la prise en charge des dépendances physiques et psychologiques, ce qui inclut la dépendance au tabac.
Par exemple, d’après une revue de la littérature scientifique parue en 2013 , l’acupuncture auriculaire est plus efficace que les thérapies comportementales dans la prise en charge de la dépendance physique à court terme. En effet, l’une des études montre qu’à l’issue de 2 semaines de traitement, seulement 8% des individus du groupe ayant suivi l’auriculothérapie étaient encore fumeurs, contre 33% pour le groupe de thérapie comportementale. Cela dit, les résultats sont plus contrastés à long terme, la thérapie comportementale obtenant un taux de rechute de 67% à 6 mois, contre 83% pour l’acupuncture auriculaire.
Les auteurs suggèrent donc, pour une efficacité maximale, de combiner les deux approches : auriculothérapie pour faciliter le sevrage à court terme, et psychothérapie pour mettre fin aux tendances addictives à long terme.
Source : Evaluation de l’efficacité de la
pratique de l’auriculothérapie, INSERM, 2013 (p. 70-71)
https://sf-cancers-enfant.com/wp-content/uploads/2021/03/Inserm_RapportThematique_EvaluationEfficaciteAuriculotherapie_2013.pdf
Quelles sont les alternatives à l’auriculothérapie ?
Parmi les méthodes de sevrage tabagique les plus connues figurent les substituts nicotiniques (patchs, gommes), les traitements médicamenteux, les thérapies comportementales ou encore l’hypnose. Du côté des méthodes douces, les plus pratiquées sont l’acupuncture, l’homéopathie, la phytothérapie, et plus récemment la luxopuncture. L’efficacité de ces procédés dépend fortement de votre profil, de vos besoins spécifiques, et de votre engagement dans le processus de sevrage.
Depuis quelques années, la luxoponcture pour l’arrêt du tabac suscite un intérêt croissant. Technique réflexe inspirée de l’acupuncture, elle utilise un faisceau infrarouge à faible intensité pour stimuler des points précis du corps de manière non invasive, sans aiguille. Certains praticiens, comme le cabinet Ciggy Free, utilisent un protocole de luxopuncture spécialement conçu pour l’arrêt du tabac. Par rapport à l’auriculothérapie, la luxopuncture présente l’avantage d’une action plus complète, en combinant des points situés non seulement sur l’oreille, mais aussi au niveau du corps et du visage ; cette méthode peut être considérée comme alliant la réflexologie, l’auriculothérapie et l’acupuncture. Grâce à ce protocole élargi, on obtient une prise en charge plus globale des causes de la dépendance tabagique et des comportements de compensation.