Les effets du tabac sur le système digestif sont moins connus du grand public que ses conséquences sur la sphère respiratoire. Pourtant, de nombreux fumeurs et ex-fumeurs constatent un lien entre leur consommation de tabac, leur bien-être digestif et la survenue de maux de ventre. Aussi, la cigarette n’est pas sans effet sur les maladies inflammatoires de l’intestin comme la maladie de Crohn.
Le tabac peut-il donner mal au ventre ou aggraver les symptômes de certaines maladies digestives ? Dans cet article, le point sur les conséquences d’une consommation de tabac sur votre digestion.
Pourquoi ai-je mal au ventre quand je fume ?
En effet, la nicotine entraîne des dérèglements digestifs, qui se traduisent notamment par une modification du transit intestinal. Le lien entre nicotine et digestion s’explique par plusieurs mécanismes :
Une altération des processus immunitaires de l’intestin
L’augmentation de l’inflammation
La stimulation des contractions intestinales
Sans oublier, par un mécanisme plus indirect, la modification des préférences alimentaires du fumeur, liée à l’altération du goût et de l’odorat. Bien entendu, plus votre système digestif est sensible, plus les effets du tabac sur la digestion sont importants.
Tabac, troubles digestifs et maladies digestives
En plus de modifier le transit, la cigarette présente d’autres effets néfastes pour le ventre, car il existe un lien entre tabagisme et maladies intestinales. Les personnes atteintes de la maladie de Crohn et du syndrome de l’intestin irritable sont particulièrement concernées.
Lien entre le tabagisme et le maladie de Crohn
La maladie de Crohn fait partie des MICI, les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, qui concernent plus de 200 000 personnes en France. Le plus souvent, cette pathologie est diagnostiquée chez des sujets jeunes, ayant entre 20 et 30 ans.
L’effet de la cigarette sur la maladie de Crohn est connu et démontré, les fumeurs ayant 2 fois plus de risques de développer cette maladie et de voir les symptômes s’aggraver. Cela s’explique par la composante inflammatoire de la pathologie, qui peut toucher l’ensemble de la paroi intestinale. Les fumeurs atteints de la maladie de Crohn sont par ailleurs plus sujets que les non-fumeurs aux complications de la pathologie, et connaissent davantage de poussées.
Effets du tabac sur le syndrome de l’intestin irritable
Les personnes qui souffrent du syndrome de l’intestin irritable (SII) savent à quel point leur transit est sensible aux perturbations quotidiennes : le stress, le manque de sommeil, certains aliments, les émotions…sans oublier la cigarette !
Les causes exactes du SII sont mal connues ; en revanche, on sait que ce syndrome est influencé par deux variables importantes : la motilité et la perméabilité de l’intestin. Or, la cigarette altère aussi bien la motilité intestinale (rythme des contractions faisant circuler le bol alimentaire dans le tube digestif) que la perméabilité de l’intestin (dans le langage courant, on parle d’intestin poreux). Ces problématiques ne sont pas des maladies graves ; en revanche, elles contribuent grandement aux troubles du transit souvent invalidants des personnes ayant le SII.
Tabac et rectocolite hémorragique
De manière assez surprenante, on observe un effet “protecteur” du tabac chez les patients atteints de rectocolite hémorragique (RCH), une autre pathologie inflammatoire de l’intestin. Cet effet, dont les mécanismes sont encore méconnus, intervient aussi bien au niveau du déclenchement de la maladie que de son évolution ; ainsi, la rectocolite est essentiellement une maladie de non-fumeurs.
Toutefois, cela ne signifie pas que les patients atteints de rectocolite sont encouragés à fumer ! En effet, les effets délétères du tabac sur la sphère digestive, sur le risque de cancer et sur la santé en général sont si importants, qu’un sevrage est toujours recommandé. Par ailleurs, la “protection” contre la RCH disparaît dès que la personne arrête de fumer.
L’arrêt du tabac peut-il entraîner des troubles digestifs ?
Lorsque vous arrêtez de fumer, votre transit intestinal se régule progressivement sans la nicotine, ce qui peut entraîner quelques troubles au cours des premières semaines. Le plus souvent, les ex-fumeurs récents se plaignent de constipation, le transit n’étant plus stimulé artificiellement par la nicotine. Le reflux gastrique et les brûlures d’estomac sont d’autres troubles digestifs courants liés à l’arrêt de la cigarette.
Ces quelques désagréments ne doivent pas vous empêcher d’arrêter de fumer : en effet, sachez qu’ils sont bénins, transitoires, et qu’ils disparaissent assez rapidement.
Aussi, ils ne sont pas inévitables : pour un arrêt du tabac sans troubles digestifs, il est toujours possible d’adopter une alimentation saine et sans carence, de pratiquer une activité physique (fortement recommandée pour stimuler le transit !) , et d’apprendre à gérer votre stress. L’influence du stress est importante, aussi bien sur les troubles digestifs que sur votre sevrage tabagique.